Dans les branches de sassafras

La porte s’ouvrit sur le prélude d’un grand spectacle. Bouche bée, on était projeté hors du temps, en un lieu qui tenait à la fois du sanctuaire, de la magie, du mystère et du cabinet de curiosités. Au long des salles en enfilade, une succession de vitrines rétroéclairées exhibaient toutes sortes de parures: chemises de guerre, mocassins, jambières, panaches à plumes d’aigle et coiffes ornées de cornes de bison côtoyaient des calumets de tous calibres, sculptés de scènes animales, garnis de plumes de faucon ou recouverts d’écorce de saule rouge. Des ustensiles de la vie quotidienne et des armes, arcs, tomahawks, boucliers en peau de loutre et lances emplumées dataient de l’époque où les Premières Nations vivaient au son des tambours et des chants portés par le vent des plaines dans les branches de sassafras. Il y avait là toute la mémoire d’un peuple, la présence impalpable d’âmes effacées par la mort, dont il ne subsistait que ces dépouilles magnifiques.

Brûlure indienne, Philippe Fiévet, chapitre 1, page 14.

© Philippe FIÉVET, 2024

BV5-241017-0900