Rendre l’âme parmi ses plantes...

Comme un comédien aimerait que la mort l’emporte en pleine représentation, quoi de mieux pour un jardinier que de rendre l’âme parmi ses plantes ? Je l’avais espéré, je fus exaucé. Pas d’exil au quatrième étage d’un hôpital, pas de scène pathétique infligée aux trois êtres que j’aimais le plus au monde, mais seuls le jardin et moi, en tête-à-tête, de jardin à jardinier. Avec une évidente empathie, celui-ci souffla dans ma direction une brise parfumée provenant d’un rosier buisson dont les centaines de fleurs jaune paille venaient de s’ouvrir. Cottage mail, ai-je pensé en tentant de prononcer son nom pour le remercier de son offrande. Mais je ne pouvais plus parler. Tout s’était assombri et autour de moi, je ne percevais plus que la condensation de la matière sous sa forme la plus lumineuse.

Le jardin aux lucioles, pages 11-12.

© Philippe FIÉVET, 2025

BV5-250606-0900